Annexe III : un exemple de compte-rendu d’une réunion avec le groupe de parents

Compte Rendu de la Réunion parents visio du 25/02/2021

Cette réunion s’est tenue sur renavisio de 12h à 14 heures. 5 parents étaient connectés. Un 6e parent n’a pas réussi avec ce logiciel (et a rejoint la réunion présentiel le samedi 27 février). Egalement, 3 chercheurs et deux étudiantes du master EFISE étaient présents.

Dans un premier temps chacun.e s’est présenté.e. Ensuite Séverine Euillet a présenté le projet de faire un questionnaire pour tous les parents dont les enfants sont suivis en protection de l’enfance à Paris. Le but est de connaître le point de vue d’un maximum de parents. Pour cela il faut choisir les questions les plus importantes, qu’on voudrait leur poser.

  • Certaines expériences avec L’ASE peuvent être positives, avec une bonne analyse de la situation et une bonne solution proposée, mais la même expérience peut être vécue très négativement par un autre parent, quand il est privé de son enfant, qui en souffre et est en colère. La souffrance peut être un biais dans l’expérience des personnes et le point de vue qu’elles expriment

Voici les questions qui ont été discutées :

  • Ce qui a étonné au moment de la décision de la mesure de protection :
    • Ne pas être présenté à la famille d’accueil
    • Ne pas reconnaître le passé partagé entre parents et enfants
    • Doute sur la centralité de l’intérêt de l’enfant
    • Cadre d’interprétation du vécu et de la parole de l’enfant en lien avec le psycho traumatisme (conflit de loyauté et conflit de protection)
    • Les contraintes temporelles qui décuplent le ressenti négatif du parent
    • Le bien-être des parents n’est pas une priorité
    • on peut avoir l’impression d’avoir été entendu quand on a demandé de l’aide, puis la situation se retourne contre vous. On mobilise contre vous tout un tas de stéréotypes, donc tout ce que vous dites serait interprété contre vous
    • Les informations à propos des enfants se perdent entre les services
    • Tous les parents n’ont pas les mêmes informations selon les arrondissements
    • ne pas faire appel au père quand la mère est en difficulté.
    • Avis personnel des professionnels sur le mobilier de mon logement : c’est une intrusion dans ma vie privée
  • De quoi auriez-vous eu besoin ?
    • savoir qui sont les professionnel.le.s qu’on a en face de soi, quelle est leur formation
    • avoir toutes les informations sur les aides possibles
    • respect de l’autorité parentale pour les RV médicaux
    • expliquer comment l’ASE intervient et jusqu’où, les rôles de chacun, l’articulation avec le juge
    • une écoute compréhensive
    • Echange collectif entre parents, dans un endroit neutre, encadré, mais pas par des professionnels de l’ASE, pour s’entraider et se sentir moins stigmatisé, sortir de l’isolement
    • Stages de formation parentale, sans stigmatiser
    • si par exemple on a un rendez-vous avec police, la police si on est entendus, donne un rapport et avant de partir, ils demandent si on est d’accord avec le compte rendu, et si on a besoin de le modifier. L’ASE c’est différent. A la police, les conversations sont enregistrées. A l’ASE ça devrait être la même chose, et il n’y aurait pas de malentendus.
    • Que le juge s’adapte et écoute et respecte les deux parents, et le rôle de chacun, de ne pas oublier les pères au même titre que les mères
    • Que les demandes des parents directement adressées au juge soient accueillies comme les demandes de l’ASE (avec ou sans avocat)
    • De comprendre pourquoi les droits de visite sont différents entre les deux parents
    • De respecter l’intimité notamment lors des visites au domicile
    • De davantage de contradictoire, où les parents pourraient donner leur avis contradictoire sur les écrits
  • Qu’est-ce que vous avez apprécié ?
    • capacité des professionnels à conserver une neutralité par rapport aux discours des uns et des autres, même si ça peut être violent quand on ne sait pas si on est entendu ou compris
    • présence d’un.e psychologue
    • éloignement du conjoint violent ou menaçant (intervention du juge)
  • le terme de violence se trouve dans plusieurs dimensions :
    • Identifier, comprendre, nommer les situations de violences auxquelles l’enfant a été exposé et/ou soumis dans sa famille
    • Violence pour l’enfant d’être séparé de ses parents
    • Violence pour les parents d’être désignés comme l’origine des problèmes, malgré leur amour pour l’enfant
    • L’ASE apparaît comme une entité violente qui coupe le lien parental
    • Violence vécue dans les visites médiatisées, injustice lorsque l’autre parent a des visites libres
    • Des experts qui viennent avec leurs interprétations pour présenter au juge, sans qu’on n’ait pu ne serait-ce qu’apporter des éléments contradictoires
  • après lecture du dernier schéma il apparait très général, peu concret, crainte que tout le travail mené dans ce groupe ne débouche sur rien.
  • A la fin de la réunion les chercheurs relaient l’invitation au comité de pilotage du schéma, deux parents sont volontaires pour y assister. Cette fois-ci, les parents sont invités en observateurs, et lors du prochain comité de pilotage (en juillet ou en septembre) les parents seront invités à présenter les résultats du groupe de travail.

La prochaine réunion en visio est fixée au jeudi 1er avril de 12h à 14h.


Compte Rendu de la Réunion parents dans le 20e arrondissement,
samedi 27 février de 14h30 à 16 heures

Deux parents étaient présents, ainsi qu’une chercheure et une étudiante du master EFISE.

Après avoir présenté le projet du questionnaire, différentes questions sont abordées :

Autorité parentale :

  • Usage du téléphone portable : interdiction d’avoir des communications entre parent et enfant,
  • Usage d’internet : parents ne savent pas si/comment la sécurité de leur enfant est assurée sur internet, comment l’usage des écrans est contrôlé sur le lieu de placement.
  • Choix de principes éducatifs : non seulement on n’a pas d’autorité, on nous empêche de subvenir aux besoins de l’enfant et on a d’un autre coté un enfant qui se permet de tout demander et on n’est pas en position de dire non – « je suis attristée quand je vois qu’aujourd’hui je ne peux plus mettre des limites, et d’éduquer mon fils comme je l’ai toujours fait »
  • la transmission culturelle, linguistique, religieuse est empêchée – les parents n’ont rien à dire sur ces choix éducatifs. On ne tient pas compte de son origine ni de son inscription à venir dans une tradition familiale

Soutien perçu :

  • au début : dans la mesure AED, sentiment d’être un peu moins seul face à son enfant
  • Présence d’un psychologue et entretiens familiaux mensuels permettent d’aborder des thèmes intéressants

Ce qui pose problème :

  • Difficulté de savoir qui sont les différents interlocuteurs
  • Mauvaise communication entre les professionnels (des horaires de RV ne sont pas transmis par exemple)
  • Vécu du placement comme un kidnapping
  • Les audiences au tribunal sont souvent traumatisantes alors il arrive qu’on n’y aille pas, pour se protéger, ce qui est interprété comme de l’indifférence alors que ce n’est pas ça.
  • Honte, stigmatisation, humiliation en tant que parent d’enfant placé – isolement social « les gens vous lâchent »

Solutions à proposer :

  • important de savoir clairement quelle est la fonction de chacun et de savoir qu’est-ce qu’on le droit de faire et de ne pas faire
  • pouvoir échanger avec d’autres parents qui connaissent la même situation, pour sortir de l’isolement

La prochaine réunion est prévue dans le même lieu le samedi 10 avril à 14 heures.