2 – L’entrée et la compréhension du système de protection de l’enfance

L’entrée dans le système de protection de l’enfance est une des quatre principales thématiques explorées dans le questionnaire, mais aussi un axe fort évoqué par les parents dans le groupe de travail. Elle se décline en termes de niveau d’informations et de connaissances du système de la protection de l’enfance au moment de l’entrée dans le dispositif tant des parents que de l’enfant, mais aussi en termes de vécu de la mesure.

2-1 Le vécu de la mesure par les parents

Le terme de « vécu » employé ici et exploré tout au long de ce travail de recherche renvoie notamment aux ressentis liés à la mise en place de la mesure de protection, qui ont pu être exprimés dans le questionnaire (à travers des questions fermées et ouvertes) et dans le groupe de travail. L’objectif est bien d’accéder à l’éventail des ressentis, et de repérer des tendances qui émergeraient. Par exemple, dans le groupe de parents, il est apparu que la mesure d’AED pouvait permettre, au début, de se sentir moins seul.e face à son enfant, même si les sentiments de stigmatisation et de jugement étaient présents.

2-1-1 Un impact sur la sphère privée

Dans le groupe de travail, la question de l’intimité est évoquée à plusieurs reprises notamment en lien avec les visites à domicile, vécues comme des moments de stress, avec l’impression d’un « contrôle », une faible maîtrise des critères d’évaluation de la situation ; un sentiment d’être surveillés dans les relations les plus intimes (question de la limite de l’investigation, du respect de la sphère de l’intime) et cela sans savoir ce que pensent les professionnel.le.s sur le moment, ni même après (à cause de la difficulté d’accéder aux rapports). Cela participe à la crainte des interprétations par des professionnel.le.s des éléments relevant de l’intimé des parents. L’intervention de la protection de l’enfance fait que le climat de suspicion est permanent : « il faut rendre compte de tout, plus de liberté même pour voyager, peur qu’on enlève l’enfant, …toujours des suspicions ».

Dans le questionnaire, une question portait sur le respect de l’intimité : « mon intimité personnelle et familiale est respectée », à laquelle les parents se sont positionnés sur 5 points :

  • Tout à fait d’accord : 55 parents (49.5%)
  • A peu près d’accord : 15 parents (13.5%)
  • Pas vraiment d’accord : 12 parents (10.8%)
  • Pas d’accord du tout : 24 parents (21.6%)
  • Ne se prononce pas : 5 parents (4.5%)

Aussi, si le sentiment d’intrusion est lié au sentiment de non-respect de son intimité, il est ressenti par 32.4% (N=36) des parents. Cet élément rejoint les constats de Régis Sécher (2009) où le respect de la sphère de l’intime constitue un préalable au sentiment de dignité.

2-1-2 Réponses ouvertes dans le questionnaire

Les 79 réponses rédigées dans le questionnaire à la question « Comment avez-vous vécu la mise en place de la mesure de protection ? »permettent de repérer différents vécus, mais aussi de recueillir l’analyse des parents par rapport à ce vécu a posteriori. En effet, nous repérons 3 tendances1 : 1) les parents qui analysent l’effet positif de la mesure, 2) ceux qui ont très mal vécu et vivent encore très mal la mesure et 3) ceux qui au fil du temps perçoivent une évolution de leur perception. Cela fait écho aux travaux existants, dont les auteurs ont procédé à des catégorisations montrant que les parents pouvaient coopérer et négocier avec les travailleur.se.s sociaux.ales ; s’opposer à la mesure et aux travailleur.se.s sociaux.ales ou encore se replier sur eux-mêmes ; ces différentes postures pouvant se succéder dans le temps.2

Les parents ayant bien vécu la mesure sont minoritaires (19 réponses), mais relèvent des effets positifs tels que « la décision du juge a été rude, mais je n’y ai trouvé que du positif, cela m’a ouvert les yeux sur la situation dans laquelle je suis avec les enfants », ou encore « la mesure n’a pas été contraignante, ça m’a aidé à être plus à l’écoute et à les accompagner », « je l’ai bien vécu, j’étais d’accord », « a permis à notre fille d’avoir un espace d’échange et mieux comprendre sa situation, à notre famille de prendre du recul ». Parmi ces parents, certains évoquent aussi le soulagement, malgré une décision contrainte au départ, et d’autres, à l’initiative de la mesure, indiquent que la mesure correspond à leurs attentes : « je ne l’ai pas mal vécu, c’était bien pour mon enfant ».

Une quinzaine de parents évoque l’évolution de leur positionnement et de leur vécu de la mesure prise. Ici, le rapport au temps est énoncé, mais aussi le rapport aux professionnel.le.s qui permet également de mieux comprendre la mesure. Voici des verbatims qui illustrent ces évolutions : « dur au début, mais bénéfique », « au début très douloureusement et très vite mise en confiance et très encadrée par une équipe pluri-disciplinaire excellente et réactive », « avec beaucoup de peur et de méfiance, puis avec soulagement, mais tout dépend des interlocuteurs, c’est une LOTERIE ». « C‘était difficile, mais je crois que c’est mieux pour lui ».

Puis, des discours de parents avec une charge émotionnelle très importante, empreinte de souffrance, d’incompréhension et de colère pour une vingtaine d’entre eux : « d’une violence inouïe », « c’était dur et c’est toujours le cas », « je n’ai pas compris pourquoi ils ont placé mes enfants », « une violence institutionnelle retraumatisante », « ma fille n’est pas en sécurité », « très en colère ». Le terme « traumatisme » revient beaucoup pour évoquer le vécu parental et celui des enfants. Le sentiment de ne pas être écoutés domine « c’est hallucinant de voir le peu de respect des intervenants envers les parents », « j’ai le sentiment de ne pas être écouté, voire d’être humilié, quand les rapports de l’éducatrice ne sont pas transmis au juge avant l’audience ».

2-1-3 Discours énoncés dans le groupe de travail

Les parents impliqués dans le groupe de travail rendent compte du vécu du placement en termes de souffrance, d’arrachement lorsque l’enfant est accueilli en dehors du domicile comme l’illustrent les verbatims suivants : « ils prennent les enfants », « c’est un vrai kidnapping », « votre enfant devient la propriété de l’Etat français ». L’impression que la décision tombe brutalement est forte : c’est « un cyclone », « j’ai été mise devant le fait accompli », « être pris au piège », « on se sent puni ». L’impossibilité de se projeter dans l’avenir proche et lointain est fortement exprimée : « Ne pas savoir quand cela va s’arrêter, impossible de se projeter », « au jour le jour : le retour n’est jamais prévu », « la difficulté à se représenter à quel moment celle-ci va prendre fin ».

Malgré tout, certains parents évoquent aussi la dimension « conseil » que peut revêtir une mesure de protection avec l’« importance d’accepter les conseils de l’AS », de « prendre du positif », « même si ce n’est pas facile, c’est dans l’intérêt de la famille ».

Néanmoins, le moment de la mise en place de la mesure de protection, dans tous les cas, constitue un évènement traumatique (Ferenczi, 1982) et même un trauma familial (Neuburger, 2015) avec un avant et un après. Quelles qu’en soient la résolution, la symbolisation et la mise en sens ultérieure, cet évènement fait irruption dans le quotidien familial, mais aussi dans le fonctionnement psychique des parents.

2-2 Le rapport à la mesure de protection

En plus du vécu, du ressenti émotionnel vis-à-vis de la mesure de protection, le rapport à la mesure notamment en termes d’accord, d’acceptation ou d’avis, constitue une dimension importante dans le discours des parents, mais pouvant recouvrir des significations différentes.

2-1-3 L’accord avec la mesure éducative en cours

73.4 % (N=83) des parents répondent positivement (addition des réponses : « oui complètement » et « oui partiellement ») au fait d’être d’accord avec la mesure de protection en cours comme le montre le tableau ci-dessous.

admin | Copa75 Tableau 1: Réponses à la question « accord avec la décision de la mesure en cours »

Comment comprendre plus finement ces réponses ?

Des analyses de Khi-2 ont été réalisées pour mieux repérer la façon dont les profils des parents ou les caractéristiques de la mesure pouvaient faire varier les réponses à cette question. Une relation significative a été repérée avec 2 dimensions. Ainsi, le niveau d’accord des parents avec la mesure en cours varie selon :

  • Le fait d’avoir un enfant placé (p=0.005 ; Khi2=12.90 ; ddl=3)
    41.3% (N=19) des parents dont au moins un enfant est placé ne sont pas du tout ou pas vraiment d’accord avec la décision de la mesure, alors qu’ils sont 16.4% (N=11) à avoir cet avis parmi les parents qui n’ont pas d’enfants placés. Cette différence de proportion est également visible au sein des parents qui sont complètement ou partiellement d’accord avec la mesure : c’est le cas de 83.6% (N=56) des parents dont l’enfant n’est pas placé, et de 58.7% (N=27) des parents dont au moins un enfant est placé. Ainsi, nous pouvons dire que les parents dont un enfant est placé sont moins d’accord avec la mesure de protection que les parents concernés par une mesure de milieu ouvert.
  • Le type de mesure (judiciaire ou administratif) (p=0.02 ; Khi2=9.89 ; ddl=3)
    De façon significative et sans surprise par rapport au principe même de la contractualisation, les parents concernés par une mesure de protection judiciaire sont moins d’accord avec cette mesure (34.7%, N=26) que les parents concernés par une mesure administrative (9.7%, N=4).

2-2-2 Les alternatives à la mesure de protection

3 parents sur 4 sont d’accord avec la mesure en cours, mais 44.7% (N=52) auraient préféré une autre forme d’aide. A noter l’important taux de réponse « je ne sais pas » à cette question : 29.1% (N=34).

37 répondants se sont saisis de l’espace texte présent dans le questionnaire pour évoquer la forme d’aide qu’ils auraient appréciée comme alternative à la mesure actuelle de protection. Les alternatives énoncées concernent :

  • Un soutien psychologique pour l’enfant et le parent : « besoin d’un suivi psy pour mes enfants » ; « Mise en place d’un suivi psychologique dès le départ + thérapie familiale nécessaire », « Intervenant psychologue spécialisé, mais cela nous a été refusé » ;
  • Du soutien à la parentalité : « ce serait mieux que les services sociaux nous permettent d’avoir une chance qui nous permette de nous améliorer », « J’aurais préféré une aide qui m’aide à développer mes capacités parentales », « Une aide qui permet aux mamans de s’améliorer et de savoir s’occuper de ses enfants, mes enfants ne sont pas en danger, j’aimerais des solutions qui me permettent de voir plus souvent mes enfants et faire des activités avec mes enfants, ce n’est pas facile à vivre » ;
  • La reconnaissance de la situation de violence conjugale avec la mise à l’écart et le retrait de l’autorité parentale de l’auteur de violence : « Retrait de l’autorité parentale de l’autre parent violent » ; « Suivi psy spécialisé de l’enfant co-victime de violence conjugale » ;
  • L’aide à la scolarité de leur enfant. Plusieurs indiquent que l’école est la partie visible de certaines difficultés, voire que l’école est la principale difficulté rencontrée par les parents : « une aide au sein de l’école, car problème de concentration et lecture et écriture », « aide à la re-scolarisation, aide à trouver un internat adapté pour son handicap », « Internat » ;
  • Une aide plus précoce avec une mise en place plus rapide et plus soutenue des dispositifs d’aide : « Ma demande d’aide éducative a été faite il y a trois ans, cela aurait dû être mis en place pour mon fils ». La lenteur de la mise en œuvre des mesures est soulignée à de nombreuses reprises ;
  • Davantage d’écoute du parent et de l’enfant : « Me poser des questions, me demander en quoi ils auraient pu m’aider, pourquoi j’étais si fatiguée », « Plus d’écoute des enfants, avant que la mesure d’AEMO ne soit mise en place ».

Aussi, les parents évoquent des besoins en termes de soutien psychologique, de soutien à la parentalité, avec une nécessité de réactivité pour la mise en place de ces possibilités afin d’éviter l’aggravation de la situation. Ces repérages très précis réalisé par les parents révèlent clairement les besoins importants en termes de prévention.

2-3 Les explications reçues par les parents au sujet de la mesure

Un des éléments de connaissance du système de protection de l’enfance repose sur les explications transmises au démarrage de la mesure. Cette dimension a été explorée à travers des questions relatives à la perception que les parents ont des informations qu’ils ont reçues eux-mêmes et des informations transmises à leur enfant.

admin | Copa75 Tableau 2: Réponses à la question sur l’explication du déroulement de la mesure aux parents

De façon descriptive, les réponses permettent de dire que 66.4% (N= 79) des répondants indiquent avoir reçu des explications relatives au déroulement de la mesure avant ou au moment de la 1ère rencontre. À noter que 17.8% (N=21) estiment n’avoir reçu aucune information.

La perception par les parents de l’explication reçue à propos de la mesure varie de façon significative selon :

  • Le type de mesure, administrative ou judiciaire (p=0.001 ; Khi2=15.93 ; ddl=3)
    La relation très significative entre le niveau d’information perçu à propos de la mesure d’accueil et le type de mesure d’accueil (judiciaire ou administratif) se traduit par le fait que dans le cadre de la mesure judiciaire, les parents se sentent moins informés que dans le cadre d’une mesure administrative. Plus précisément, 24.7% (N=20) des parents concernés par une mesure judiciaire ne se sentent pas du tout informés sur le déroulement de la mesure contrairement à 5% (N=2) des situations de mesure administrative (cf. tableau en annexe 5).
  • Le placement ou pas de l’enfant (p=0.005 ; Khi2=12.92 ; ddl=3)
    D’après les parents concernés par une mesure de milieu ouvert (pas d’enfant placé), seuls 9.9% (N=7) estiment que la mesure ne leur a pas été expliquée, alors que cette proportion grimpe à 29.2% (N=14) parmi les parents dont un enfant est accueilli en dehors du domicile.

À noter que ce sentiment d’information par rapport au déroulé de la mesure n’est pas significativement lié au nombre d’enfants, ni à l’âge du parent ni à l’existence d’une mesure antérieure.

Ainsi, ces analyses montrent que les parents qui se sentent les moins informés à propos du déroulement de la mesure sont ceux dont un enfant est placé suite à une mesure judiciaire.

À propos de l’explication du déroulement de la mesure à l’enfant d’après le point de vue des parents, 42.5% (N=48) des parents estiment que l’enfant est suffisamment informé.

admin | Copa75 Tableau 3: Réponses à la question sur l’explication de la mesure à l’enfant d’après les parents

Dans ce tableau, un chiffre attire l’attention : 15.9% (N=18) des parents ne savent pas quelle information leur enfant a reçue.

2-4 Leur regard qualitatif sur le système et ses acteurs

De façon plus qualitative, les parents du groupe de travail relèvent trois axes forts au sujet de la compréhension du système de protection de l’enfance au moment de leur entrée dans le dispositif.

  • Manque de coordination entre les services
    Durant leur parcours les parents sont en contact avec de nombreux.ses professionnel.le.s et services du domaine éducatif, du soin, du médico-social. Les parents au sein du groupe de travail se sont beaucoup questionnés au sujet de l’organisation du travail d’accompagnement : quel est le rôle de chaque professionnel.le, qui transmet quoi à qui ? Une impression de perte des informations était partagée au sein du groupe avec deux conséquences difficiles : la nécessité de devoir tout répéter à chaque nouvel interlocuteur et une centration perpétuelle sur la situation passée (et non sur les évolutions ou les perspectives). Cela a des effets sur la fatigue, l’usure et le sentiment d’impuissance des parents, accentués par le fait de ne pas savoir comment l’interlocuteur.rice va accueillir, comprendre et interpréter le discours proposé par les parents. L’articulation avec le juge des enfants est une illustration fréquente de cette difficulté de compréhension du niveau de décision et surtout de la communication entre l’ASE et le ou la juge. En effet, à partir de leurs perspectives et de leur niveau d’informations, les parents peuvent constater des contradictions entre le jugement et la mise en application, par exemple au niveau des droits de visite et d’hébergement, qui selon l’expérience vécue par plusieurs parents, peuvent être ordonnés par le ou la juge, mais non appliqués par les services de l’aide sociale à l’enfance. Même lorsqu’ils sont mis en place, le calendrier, sa planification et ses adaptations peuvent être perçus comme un support d’exercice du pouvoir des professionnel.le.s sur les parents.
  • Des temporalités contradictoires
    Le temps de l’enfant n’est pas celui de l’institution, les parents ont pu répéter et illustrer cette affirmation à plusieurs reprises. Le rapport au temps semble déformé tout au long de la mesure, avec des vécus paradoxaux, si on se place du point de vue des parents. Certains estiment que la mise en œuvre de la mesure est beaucoup trop longue « le jugement a été rendu en mars, et j’ai eu le premier rdv en mai…. » « Ma demande d’aide éducative a été faite il y a trois ans, cela aurait dû être mis en place pour mon fils ». D’autres parents sont sidérés par la rapidité de la mise en place d’une mesure : « prévenue la veille pour le lendemain », « du jour au lendemain, la situation nous a échappé », « c’est extrêmement brutal ». D’autres énoncent à quel point la fin de la mesure n’est jamais évoquée, ce qui bloque toute possibilité de perspectives futures et de directions à prendre et à tenir. Par ailleurs, le temps des parents qui ont un emploi semble peu considéré pour fixer les nombreux rendez-vous avec les professionnel.le.s. Un aspect important dans la vie des parents qui doivent prendre des jours de congés pour honorer les multiples rendez-vous, non sans conséquence sur leur rapport à l’employeur ni sur la stabilité de leur emploi. Un parent indiquait qu’il ne pouvait travailler qu’en intérim pour pouvoir travailler aussi en tant que parent d’enfant placé.
  • Des professionnel.le.s débordé.e.s
    Les parents constatent à quel point les professionnel.le.s doivent s’occuper de nombreuses familles, avec une charge de travail trop importante pour pouvoir consacrer un temps suffisant à chacune3. Une surcharge qui nuit directement aux possibilités de faire participer les parents, de les écouter, d’échanger sereinement avec eux. De plus, les parents souffrent directement du turn-over des professionnel.le.s, qui altère fortement la confiance dans le système et génère une angoisse sur la capacité du nouveau professionnel ou de la nouvelle professionnelle à se saisir de la situation. Aussi, la question de la formation a été évoquée à plusieurs reprises. Les parents ne connaissent pas la formation des professionnel.le.s qui les accompagnent, ni leur spécialisation, alors même que les parents énoncent la complexité de certaines situations qui nécessitent un niveau de connaissance précis et d’expertise, par exemple, au sujet des enfants co-victime de violences conjugales, des processus de contrôle coercitif, du psycho-trauma, de la maladie mentale, …..

De plus, lors de la 2ème séance du groupe de travail, 4 axes ont servi d’échanges pour recueillir les points de vue des parents au sujet du moment de la décision : « Ce qui vous a étonné au moment de la décision de la mesure », « qu’est-ce qui vous a été utile », « qu’est-ce que vous avez apprécié ? » et « De quoi auriez-vous eu besoin ». Voici les verbatims rassemblés avec les parents lors d’une réunion du groupe de travail sous forme d’image ci-dessous :

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2-5 Synthèse et propositions des parents au sujet de l’entrée et de la compréhension du système de protection de l’enfance

L’entrée dans le dispositif de protection de l’enfance est vécue comme un moment très difficile par la majorité des parents, avec beaucoup d’émotions et d’incompréhension.
Si aujourd’hui, 26.5% d’entre eux disent être en désaccord avec la mesure, cette proportion grimpe à 41.3% lorsqu’il s’agit d’une mesure de placement et à 34.7% lorsque c’est une mesure judiciaire.
Les parents qui se sentent les moins informés à propos du déroulement de la mesure sont ceux dont un enfant est accueilli en dehors du domicile suite à une mesure judiciaire.
D’après 42.5% des parents, l’information de l’enfant au sujet de la mesure est suffisante.

Propositions des parents

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Au regard de ces constats, les parents ont repéré des leviers pour favoriser le vécu de la mesure :

  • L’écoute de leur parole, sa considération et sa trace dans les différentes étapes de la mise en place de la mesure, avec notamment le recours à des comptes-rendus écrits que les parents peuvent compléter.
  • Faire de l’information des familles, de façon régulière et transparente dans les démarches, les procédures et les écrits une priorité.
  • Mettre l’accent sur l’observation de l’évolution de l’enfant, de son bien-être, à partir de ce que dit l’enfant, ou de ce que le parent perçoit dans son environnement et dans les suivis mis en place.
  • Développer la formation des professionnel.le.s portant sur les effets des mesures de la protection de l’enfance (sur l’enfant et les parents), sur les techniques de communication (écrites et orales) positives, bienveillantes et participantes.
  • Mettre en place les outils et les conditions matérielles pour que les professionnel.le.s aient davantage de temps d’échanges pour informer, communiquer et écouter les parents notamment par rapport aux besoins et aux vécus de leurs enfants.

1 Ces tendances font suite à l’analyse des réponses textuelles rédigées dans le questionnaire par les parents, qu’il n’est pas possible de croiser avec des informations contextuelles comme le type de mesure d’accueil. Les analyses croisées présentes p32 apportent un complément contextuel.

2 Delens-Ravier, I. (2001). Le placement d’enfants et les familles. Recherche qualitative sur le point de vue de parents d’enfants placés. Liège: Jeunesse et Droit. ; Mackiewicz, M.-P. (2002). Early Residential Foster Care : Parental Experiences Concerning Their Co-operation with Professional Workers. In E. e. Knorth, Professionalization and Participation in Child and Youth Care (201-211). Ashgate. ; Join-Lambert, H., Euillet, S., Boddy, J., Statham, J., Danielsen, I., & Geurts, E. (2014). L’implication des parents dans l’éducation de leur enfant placé. Approches européennes. Revue Française de Pédagogie, 187, 71-80.

3 Ce constat réalisé par les parents à partir de leurs expériences recouvre en grande partie des éléments présents dans le rapport Piveteau (2022).