6 – Le droit à la participation des personnes
Tout d’abord, la participation des personnes aux décisions les concernant relève des droits humains. En tant que signataires de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (Nations unies, 1989), les Etats et tous ceux qui exercent sont tenus de se conformer à l’article 12 de cette convention qui identifie le droit de l’enfant à ce que son opinion soit prise en compte. Le droit des parents à participer à la prise de décision se base sur :
- le Pacte des Nations unies relatif aux droits civils et politiques (Nations unies, 1994) qui instaure la reconnaissance des droits des individus à l’autodétermination (article 1) et à la protection de la de l’unité familiale (article 23),
- la Convention Européenne des Droits de l’Homme, articles 6 et 8,
- la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Le droit à l’autodétermination de chaque individu est inscrit implicitement dans la définition internationale du travail social (IFSW, 2014) lorsqu’il s’engage à agir pour libérer des personnes. De plus, le travail social englobe trois générations de droits humains qui sont interdépendants et indivisibles : droits civils et politiques, droits sociaux, économiques et culturels, ainsi que les droits à l’environnement et à la biodiversité des espèces et à l’égalité intergénérationnelle.
L’approche de la participation fondée sur les droits peut se confondre avec les discours managériaux et consuméristes. Cela devient encore plus problématique dans le travail social lorsque la base de la participation est la contrainte. Une étude canadienne a révélé que l’utilisation du pouvoir par les travailleur.se.s sociaux.ales dans leurs contacts avec les parents détermine la façon dont les parents choisissent de répondre à une intervention. Si les familles ont le sentiment d’être contraintes ou que le travailleur social ou la travailleuse sociale agit de manière insensible, les parents réagissent soit en le ou la défiant, soit en jouant le jeu et en faisant semblant de coopérer (Dumbrill, 2006). Ces constats renvoient à la dynamique relationnelle qui peut s’établir dans le cadre de l’aide contrainte, analysée par Hardy (2010). La simulation consistant à « faire semblant de vouloir ce qu’on a voulu qu’il veuille et donc faire semblant qu’on a le problème qu’on ne reconnaissait pas qu’on avait » (p.3) devient l’un des comportements adaptatifs de l’usager contraint à vouloir changer.
Les recherches analysées suggèrent que la protection domine toujours la pratique professionnelle et se trouve en tension avec le paradigme participatif. Les priorités centrées sur la protection, associées à une position de pouvoir (dimension coercitive) et un niveau de bureaucratisation élevé risquent d’instrumentaliser la participation des usagers au lieu de la rendre pleine et significative (ang. meaningful).
La démarche de recherche présentée dans ce rapport illustre et problématise différents aspects abordés dans ce chapitre.