4 – Le regard des parents sur leur enfant

Un aspect important relatif au vécu de la mesure par les parents tient dans la façon d’estimer le bien-être de leur enfant dans la situation actuelle. Avant cela, quelques questions permettaient de savoir si leur enfant était en situation de handicap ou avait été co-victime de violences conjugales.

24.8% (N=26) des parents déclarent que leur enfant a été co-victime de violences conjugales. C’est le cas pour 30.6% (N=19) lorsqu’ils sont suivis à domicile contre 16.3%, N=7 des enfants accueillis en dehors du domicile.

23.8% (N=25) des parents déclarent que leur enfant est en situation de handicap. 29% (N=18) des parents dont un enfant est suivi à domicile dans cet échantillon, déclare que son enfant est en situation de handicap (contre 16.3%, N=7 des parents dont un enfant est accueilli en dehors du domicile).

51.4% (N=54) des parents déclarent que leur enfant est suivi par un psychiatre ou un psychologue, et 28.4% (N=29) qu’il bénéficie d’un accompagnement spécialisé par rapport à sa situation (psycho-trauma ou situation de handicap).

4-1 Et sur le bien-être de leur enfant

Plusieurs questions ont été posées aux parents mobilisant leur perception de la façon dont l’enfant vit la situation actuelle comme le montre le tableau ci-dessous :

Actuellement, votre enfant (ou vos enfants) …Oui, tout à faitpartiellementNon, pas du tout
Je ne sais pasNe me concerne pas
Est satisfait de la situation actuelle32
(30.5%)
30
(28.6%)
31
(29.5%)
9
(8.6%)
3
(2.9%)
A des relations satisfaisantes avec ses frères et sœurs51
(48.6%)
18
(17.1%)
10
(9.5%)
4
(3.8%)
22
(21%)
Trouve de la stabilité dans la situation actuelle52
(49.1%)
27
(25.5%)
21
(19.8%)
3
(2.8%)
3
(2.8%)
A des repères stables68
(64.2%)
18
(17%)
15
(14.2%)
2
(1.9%)
3
(2.8%)
Est rassuré par rapport à son avenir43
(41.3%)
21
(20.2%)
20
(19.2%)
14
(13.5%)
6
(5.8%)
Comprend pourquoi il y a une mesure de protection39
(37.5%)
29
(27.9%)
19
(18.3%)
11
(10.6%)
6
(5.8%)
Tableau 15: Résultats sur la perception de bien-être de l’enfant par les parents

Si on considère essentiellement les réponses non nuancées (“oui tout à fait”, et “non pas du tout”), il est possible d’observer que 64.2% (N=68) des répondants estiment que l’enfant a des repères éducatifs stables et que 29.5% (N=31) ne pensent pas que l’enfant est satisfait de la situation actuelle. Ces proportions les plus importantes sont à nuancer au regard des items où les parents répondent massivement « partiellement » et au regard de certaines variables de contexte qui sont corrélées à ces réponses. Les parents dont l’enfant vit au domicile ont une vision plus positive que ceux dont l’enfant est accueilli en dehors du domicile notamment au sujet du sentiment :

  • que l’enfant est rassuré par rapport à son avenir (p=.03 ; Khi2=9.18 ; ddl=3),
  • que l’enfant ait des repères éducatifs stables (p=.002 ; Khi2=14.75 ; ddl=3),
  • que l’enfant est satisfait de la situation actuelle (p=.01 ; Khi2=17.59 ; ddl=3).

4-2 Le sentiment de sécurité sur le lieu de vie de l’enfant

Un parent sur quatre en moyenne pense que son enfant n’est pas en sécurité sur son lieu de vie principal, et ce, quelle que soit la sécurité évoquée : sanitaire, physique dans la vie quotidienne, sur internet, par rapport aux violences sexuelles ou au niveau psychologique.

Pensez-vous que votre enfant est en sécurité dans son lieu de vie principal et actuel ?OuiNonJe ne sais pas
Sécurité sanitaire (mesures barrières contre le COVID par exemple)28
(63.6%)
12
(27.3%)
4
(9.1%)
Sécurité physique dans la vie quotidienne (protégé des violences physiques)25
(56.8%)
11
(25%)
8
(18.2%)
Sécurité sur internet et sur les réseaux sociaux (protégé contre le harcèlement en ligne)17
(40.5%)
13
(31%)
12
(28.6%)
Sécurité par rapport aux violences sexuelles23
(53.5%)
11
(25.6%)
9
(20.9%)
Sécurité psychologique (par rapport au harcèlement ou aux violences psychologiques)22
(51.2%)
12
(27.9%)
9
(20.9%)
Tableau 16: Résultats sur le sentiment de sécurité des parents vis-à-vis de leur enfant

À noter que tous les parents concernés par une mesure administrative répondent « oui » à ces 5 questions.

Dans le groupe de travail, les parents ont pu exprimer leurs craintes vis-à-vis de l’usage d’Internet par leurs enfants que ce soit en famille d’accueil ou en lieu d’accueil collectif. Les parents ne savent pas si la sécurité de leur enfant est assurée sur Internet ni comment l’usage des écrans est contrôlé sur le lieu de placement.

La question de la violence dans les lieux d’accueil est une grande préoccupation des parents que ce soit pour leurs jeunes enfants : « ma fille de 6 ans est en foyer, il y a régulièrement des garçons qui l’embêtent, la forcent à embrasser, lui touchent les parties intimes, c’est banalisé, et perçu comme des jeux d’enfants » ou leurs adolescents : « Mon enfant en foyer n’est pas protégé, il devient délinquant en étant placé, l’enfant trouve la liberté dans le foyer ».

4-3 Les modalités de communication avec l’enfant quand il est accueilli en dehors du domicile

En termes de connaissance du quotidien de l’enfant, la communication entre l’enfant et son parent est un élément qui donne à voir les possibilités, mais aussi les supports d’échanges d’informations potentiels. 39 parents ont répondu à cette question réservée aux situations où l’enfant est accueilli en dehors du domicile.

admin | Copa75 Tableau 17: Résultats sur les modes de communication entre parents et enfants

À noter que 37.8% (N=14) des parents ne peuvent pas communiquer avec leurs enfants sans la présence d’un.e professionnel.le, d’après les réponses fournies par les parents à une question ciblée à ce sujet.

4-4 De quoi manque leur enfant aujourd’hui ?

67 parents ont répondu à la question ouverte « d’après vous, de quoi votre enfant manque-t-il aujourd’hui ? ». D’après les parents, l’enfant manque, en premier lieu, de sa famille (parents, père, mère, entourage de la famille élargie).

La famille est évoquée en termes de cadre familial, d’amour, d’affection, de présence, mais aussi de sécurité. Quant à la sécurité, plusieurs mères soulignent que leur enfant a besoin de ne plus être perturbé par le père, qui peut avoir de l’emprise, être menaçant, et en demande le retrait de l’autorité parentale. La famille est aussi associée au conflit parental. À plusieurs reprises, il a été écrit : « il manque d’une situation apaisée dans les relations parentales », « ils souffrent du différend entre leurs parents », « ils manquent de cohésion parentale ».

Des aspects liés à l’environnement de vie concret des enfants ont aussi été mentionnés par les parents. « Un logement adapté » revient plusieurs fois, mais aussi « un espace de vie plus grand », « il manque de confort pour faire ses devoirs ».

Puis, il y a beaucoup de réponses qui concernent les modalités d’accompagnement de l’enfant pendant la mesure.Nombre de parents indiquent que leur enfant a besoin d’un suivi psychologique « adapté » ou un suivi pédopsychiatrique. La question de la spécificité des suivis est évoquée en lien avec l’exposition aux violences conjugales, mais aussi au maintien de l’emprise du parent violent (même après la mesure de protection). Egalement, la régularité des suivis mis en place est repérée à plusieurs reprises comme insuffisante : « 4 rendez-vous en 2 ans ».

De plus, des parents perçoivent que leur enfant ne comprend pas le dispositif, les raisons du placement, ni ce qui va lui arriver prochainement : « le manque de projections proches », « il manque de projection dans le futur où avec qui », « elle a besoin d’une cohérence dans les mesures de suivi/soin ».

Puis, ils évoquent des besoins au sujet de dimensions éducatives. Les parents remarquent que leurs enfants manquent de repères éducatifs. Le terme de « repères », qui revient beaucoup, fait référence au cadre éducatif et au respect de ce dernier par le ou la jeune : « elle manque de repères, elle est livrée à elle-même et n’est pas rassurée ». Par exemple : « il a besoin d’un encadrement adapté », « il manque d’autorité de la part des référents sociaux, éducatifs, judiciaires et policiers concernés », « il a besoin de repères, de respect et du goût de l’effort », « il a besoin de limites par rapport au portable ».

En termes de scolarité, les parents expriment leurs souhaits que « mes enfants soient re-scolarisés », qu’ils soient aidés pour étudier et de reprendre les études. À deux reprises, le lien est fait avec la reconnaissance du handicap de l’enfant et la MDPH.

En termes d’ouverture sociale, les parents remarquent un manque d’accès à la culture : « il manque de loisirs et d’accès à la culture », « le manque de liens sociaux hors école ». Un parent évoque le manque pour l’enfant au sujet « de ses anciens amis du quartier et de son ancienne école, de ses cours de piano et de judo ».

Au niveau des émotions et du développement individuel, les parents remarquent que les enfants manquent, dans les relations avec les adultes : « D’assurance par rapport aux gens qui s’occupent d’eux », « il a besoin d’éducateurs bienveillants », « D’affection, d’écoute ». « Les enfants manquent de confiance en eux, ils ont besoin d’avoir moins peur », « de prendre soin d’elle », « De confiance en lui », ce qui indique un besoin de stabilité et de réassurance1.

D’après les parents, les enfants ont besoin de comprendre les motifs de leur placement (les motifs que parfois les parents eux-mêmes ne connaissent pas) : « il pense qu’il est puni ». Les parents du groupe de travail prolongent cet aspect en soulignant le fait que les enfants ne peuvent pas avoir confiance en la justice ni dans les institutions comme l’ASE s’ils ne sont pas reconnus comme victimes mais aussi comme pouvant exprimer leurs propres avis.

4-5 Les droits de leur enfant

Si la thématique des droits de l’enfant a constitué une ligne de fond permanente, elle a été à l’ordre du jour d’une réunion du groupe de travail à travers la question amorcée « Quels sont les droits des enfants que vous pensez importants aujourd’hui pour votre enfant ? ». C’est à partir de cette amorce que les questions relatives à cette thématique ont été co-construites dans le questionnaire.

4-5-1 Le respect des droits scolaires, médicaux et culturels

Le droit à la santé est apparu comme central dans les échanges avec les parents, et un droit sur lequel il pouvait agir pour le faire respecter. Un parent a pu évoquer : « Le droit à la santé : certains enfants placés développent des problèmes de santé. Lorsque les parents tentent de s’en occuper, les professionnel.le.s les en empêchent ou tentent parfois de les en empêcher ». Aussi, si la santé de l’enfant peut être un support de la participation des parents (Euillet, Halifax, Moisset & Séverac, 2017), elle est avant tout une préoccupation importante dans le discours des parents. Et c’est notamment à travers ce prisme de respect du droit à la santé, que les parents peuvent évoquer le respect de l’autorité parentale, pour les rendez-vous médicaux par exemple.

Aussi, dans le questionnaire, le droit à la santé a été abordé à travers la question suivante : « pensez-vous que votre enfant est bien pris en charge au niveau de la santé (soins médicaux adaptés, alimentation équilibrée, …) ? ».

admin | Copa75 Tableau 18: Résultats au sujet du droit à la santé de l’enfant

Si les parents sans activité professionnelle ou occupant un poste autre que cadre pensent de façon largement majoritaire (respectivement 82.1% et 76.9%) que leur enfant est bien pris en charge au niveau de la santé, ce n’est pas le cas des parents occupant un poste de cadre. Ces derniers sont 46.2% à penser que le droit de leur enfant à être bien pris en charge au niveau de sa santé n’est pas respecté (p=0.005 ; Khi2=14.67 ; ddl=4).

Ces éléments chiffrés donnent une tendance, mais nécessitent d’être approfondis par des éléments plus précis que peuvent transmettre les parents dans leurs discours. En effet, le droit à la santé recouvre un large empan de pratiques, de valeurs et de périmètres comme le montre la littérature (Gouttenoire, 2020 ; Schmitz, 2016). Dans le groupe de travail, les parents ont insisté sur deux points au sujet du droit à la santé de leur enfant :

  • Assurer la continuité des soins et la transmission des informations lors des changements de lieu de vie des enfants.
  • Prendre au sérieux les propos des parents lorsqu’ ils présentent les problèmes de santé de leurs enfants (vaccination, problème d’asthme) et tenir compte de leur expertise sur les besoins médicaux de leurs enfants.

Puis, le droit aux activités de loisirs et culturelles était évoqué comme suit « pensez-vous que votre enfant …. » :

admin | Copa75 Tableau 19: Résultats au sujet du droit à la culture

Majoritairement (57,4%, N=62), les parents répondants estiment que leur enfant a suffisamment accès à des loisirs et à la culture. Néanmoins, cette perception est significativement liée à la catégorie socio-professionnelle du parent (p=0.006 ; Khi2=14.62 ; ddl=4). La proportion de parents estimant que leur enfant n’a pas suffisamment accès à des activités de loisirs ou culturelles est la plus importante (57.7%, N=15) parmi ceux occupant un poste de cadre ou de profession intellectuelle supérieure.

Et enfin, le droit à la scolarité était abordé à travers la question suivante : « pensez-vous que votre enfant … » :

admin | Copa75 Tableau 20: Résultats sur le droit à la scolarité

Parmi les répondants, 67.3% (N=72) des parents estiment que leur enfant est dans une classe et une école de qualité et qui lui conviennent. Dans les réponses ouvertes, plusieurs parents insistent sur le droit de l’enfant à aller à l’école tous les jours, à être scolarisés, et à reprendre ses études.

Au sein du groupe de travail, la dimension scolaire a été évoquée en termes de temporalités, de longueurs des démarches qui entachent le droit à la scolarité de l’enfant. Aussi, certains parents proposaient de faire les démarches de scolarité pour gagner du temps et favoriser la continuité de parcours. Bien qu’il en existe des exemples, l’implication des parents dans le suivi des devoirs est difficile en cas de placement de l’enfant (Join-Lambert, Denecheau & Robin, 2019).

Par ailleurs, la question de la stigmatisation à l’école a été développée par une des mères du groupe de travail : lorsque l’enfant doit aller à des rendez-vous socio-éducatifs pendant le temps scolaire, cela renforce la spécificité de ces enfants qui en plus manquent des heures d’école.

4-5-2 Le droit de choisir de l’enfant : sur quels aspects ?

La vie quotidienne d’un enfant est remplie de choix à court, moyen et long terme, jusqu’où ce droit de choisir est questionné, décliné de façon particulière pour l’enfant concerné par une mesure de protection de l’enfance, selon le point de vue des parents ? Tel est le questionnement qui a sous-tendu la rédaction de la série de questions dont les réponses sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 21: Résultats sur les possibilités de choix de leur enfant

Pendant la mesure, est-ce que votre enfant peut choisir …OuiNon
Je ne sais pasNon concerné
Son appartenance religieuse ?18
(43.9%)
9
(22%)
8
(19.5%)
6
(14.6%)
Ses vêtements ?23
(54.8%)
7
(16.7%)
8
(19%)
4
(9.5%)
De parler votre langue maternelle ?19
(45.2%)
10
(23.8%)
4
(9.5%)
9
(21.4%)
Ses loisirs ?25
(57.1%)
7
(16.7%)
8
(19%)
3
(7.1%)
Ses habitudes alimentaires ?21
(51.2%)
7
(17.1%)
9
(22%)
4
(9.8%)
De changer de lieu de vie ?12
(28.6%)
19
(45.2%)
6
(14.3%)
5
(9%)
Son orientation sexuelle ?10
(26.3%)
5
(13.2%)
10
(26.3%)
13
(34.2%)
De voir ses frères et sœurs ?22
(52.4%)
9
(21.4%)
2
(4.8%)
9
(21.4%)
Tableau 21: Résultats sur les possibilités de choix de leur enfant

La proportion de réponses affirmatives aux questions posées est la plus importante au sujet du choix des loisirs (57.1%, N=24), des vêtements (54.8%, N=23), de voir ses frères et sœurs (52.4%, N=22) et des habitudes alimentaires (51.2%, N=21).

Dans le groupe de travail, les parents ont pu partager leurs préoccupations au sujet de l’éducation religieuse : « Mon enfant n’a pas accès à l’éducation religieuse, je ne peux pas lui transmettre, même si mon enfant, ça lui est égal » ou encore « Alors que je ne souhaitais pas, ma fille suit une éducation religieuse stricte (messe, catéchisme), mais ça ne me dérange pas ».

Parmi les répondants, 50% n’ont pas le français comme langue maternelle. Aussi, le droit de l’enfant à parler la langue de son choix apparait de façon nette dans les préoccupations. Mais les échanges avec les parents permettent de mieux saisir les enjeux dans le quotidien de l’accompagnement. En effet, comment ce droit se décline-t-il ? Quelles sont les injonctions et les pratiques à ce sujet ? A travers ce droit à l’expression dans sa langue maternelle, se jouent également les possibilités de transmission et de communication entre parents, famille élargie, et enfants. Par exemple, quelle langue utiliser dans une conversation entre un parent et son enfant en présence d’un.e professionnel.le ? Comment communiquer avec les grands-parents s’ils ne parlent pas français ?

4-5-3 Le droit de l’enfant à être écouté

Le respect de la parole de l’enfant est apparu comme central dans le discours des parents tout en questionnant la complexité des situations où l’enfant ne peut pas verbaliser et où c’est le langage corporel qui est interprété. En tous les cas, c’est bien le droit de l’enfant à parler et à s’exprimer qui est défendu par les parents en plus du droit d’être écouté, et plus largement les possibilités de participation de l’enfant aux décisions qui le concernent. Ces éléments montrent bien comment la participation de l’enfant protégé concerne l’ensemble des acteurs positionnés autour de l’enfant, en termes de pratiques mais aussi de représentations (Euillet & Faisca, 2019). Aussi, dans le questionnaire, il a été demandé aux parents si, d’après eux, l’avis de leur enfant était considéré par les professionnel.le.s et par le juge des enfants.

28.8% (N=30) des parents sont affirmatifs : les professionnel.le.s écoutent leur enfant lorsqu’il donne son avis sur la mesure de protection de l’enfance, et 17.3% (N=18) affirment clairement l’inverse. Les positions nuancées « parfois », « rarement », « je ne sais pas » et « ne s’applique pas » recueillent tout de même un total de 53.8% (N=46) comme le montre le tableau suivant.

Tableau 22: Résultats sur le sentiment d’écoute de la parole de leur enfant par les professionnel.le.s

admin | Copa75 Tableau 22: Résultats sur le sentiment d’écoute de la parole de leur enfant par les professionnel.le.s

En ce qui concerne la considération de l’avis de l’enfant par le juge, la présence de l’enfant à l’audience est discriminante pour 8 parents sur 68 (d’après les résultats présentés ci-dessous), même si, dans le groupe de travail, le droit de s’exprimer de l’enfant se traduisait aussi lors des temps d’audiences.

admin | Copa75 Tableau 23: Résultats sur le sentiment d’écoute de la parole de leur enfant par le juge des enfants

Les 40 réponses rédigées par les parents à la question ouverte « à propos du respect des droits de votre ou de vos enfants, auriez-vous des idées d’amélioration ? » font l’unanimité autour du droit de l’enfant à être écouté, entendu comme le montrent les verbatims ci-dessous :

« C’est important que l’enfant puisse être entendu, il faut qu’il y ait des moments d’écoute de l’enfant. Ce qui me semble important c’est la parole de l’enfant », « qu’ils soient plus entendus », « écouter les enfants, échanger des idées », « que leurs souhaits soient entendus et respectés », « le juge devrait systématiquement lire, expliquer voire même remettre à l’enfant le jugement », « entendre leur langage, les adultes se disent souvent qu’ils sont supérieurs et n’écoutent pas leur langage ».

Dans leurs écrits, plusieurs parents mettent en lien les droits des enfants avec les postures des adultes présents dans l’entourage de l’enfant. Sont évoqués le rôle du juge, ainsi que la nécessité de l’information au sujet des droits au sein des établissements scolaires, mais aussi des lieux d’accueil collectifs de la protection de l’enfance. Au sujet de la parole de l’enfant, un parent attire l’attention sur les interprétations, mais aussi sur les questions qui sont posées :

« Eviter les interrogatoires multiples et les questions tendancieuses. Ma fille a eu affaire jusqu’à présent en tout à plus de 20 interlocuteurs. Il faut être très prudent quant à l’interprétation des réponses des enfants : ils ne répondent pas avec la même logique que les adultes, il faut s’assurer qu’ils aient bien compris les questions et ce qu’ils veulent dire quand ils répondent. Peu de personnels sont vraiment formés, y compris parmi les psychiatres et psychologues ».

Aussi, la sensibilisation au sujet des droits des enfants concerne tous les acteurs, les enfants eux-mêmes tout comme les professionnel.le.s de l’enfance, et concerne également les modalités de fonctionnement et d’organisation de l’institution de la protection de l’enfance. Les droits de l’enfant, tout comme ces besoins pouvant être un point de rencontre et d’élaboration, avec la vigilance qu’évoque Yung. Cette auteure met en exergue comment la centration sur l’enfant et son intérêt et/ou ses besoins participe à un renforcement d’un face-à-face entre les parents et les institutions : « L’articulation des sphères publique et privée se recompose autour de l’enfant : dans le face-à-face des parents et des institutions » (Yung, 2019, 5). Une dualité au cœur d’inégalités potentielles, selon le degré de proximité des parents avec les codes institutionnels au sens large, et réciproquement, celui des institutions avec ceux des parents (Guigue & Tillard, 2010).

4-6 L’information des parents et des enfants sur les droits de l’enfant

Un des axes d’intervention en termes préventifs consiste à informer les personnes sur les droits, y compris pour les droits des enfants. Aussi, il s’agissait dans le questionnaire de connaître la perception des parents au sujet du niveau d’informations à ce sujet, le leur et celui de leur enfant.

admin | Copa75 Tableau 24: résultats sur la perception du niveau d’information de leur enfant sur ses droits

36.8% (N=39) des parents estiment que leur enfant est informé sur ses droits et 23.6% (N=25) pensent qu’il n’est pas informé sur ses droits. 18 parents pensent que leur enfant est trop jeune pour être informé.

La perception du niveau d’information de l’enfant sur ses droits est directement corrélée avec :

  • le type de mesure : 67.9 % (N=19) des parents concernés par une mesure administrative estiment l’information suffisante contre 35.5% (N=22) des situations avec une mesure judiciaire),
  • le fait que l’enfant soit accueilli en dehors du domicile : 53.8% (N=28) des parents avec une mesure en milieu ouvert estiment l’information présente contre 30.6% (N=11) des parents dont l’enfant est accueilli en dehors du domicile,
  • le fait qu’il s’agisse d’une première mesure : 50.9% (N=27) des parents dont c’est la première mesure estime que le niveau d’informations de l’enfant sur ses droits est réalisé contre 32.4% (N=11) des parents ayant connu une mesure antérieure.

Au sujet du niveau d’informations des parents eux-mêmes sur les droits de l’enfant, 23.6% ne savent pas à quoi correspondent les droits de l’enfant. À noter que 24.5% des répondants ont trouvé seuls des informations à ce sujet, comme le montre le tableau ci-dessous.

admin | Copa75 Tableau 25: Résultats sur le niveau d’informations des parents au sujet des droits de l’enfant

4-7 Synthèse et propositions des parents au sujet de la considération des droits de l’enfant

64.2% (N=68) des répondants estiment que l’enfant a des repères éducatifs stables et 29.5% des parents (N=31) ne pensent pas que l’enfant est satisfait de la situation actuelle.

Un parent sur quatre en moyenne pense que son enfant n’est pas en sécurité sur son lieu de vie principal, que ce soit par rapport à Internet, aux réseaux sociaux, ou par rapport aux violences.

Les parents communiquent majoritairement avec leur enfant par appel téléphonique vocal, en sachant que 37% ne peuvent le faire qu’en présence d’un.e professionnel.le.

D’après les parents, leur enfant a besoin aujourd’hui d’un cadre de vie plus sécurisant, serein notamment grâce à la famille, d’un suivi psychologique adapté, d’informations par rapport à son avenir, mais aussi d’une ouverture sociale plus large.

Les parents démontrent leur préoccupation pour les droits de leurs enfants et notamment le droit à la santé en termes de continuité et d’adaptation des soins, mais aussi en termes de participation des parents. Au niveau de la scolarité, 67.3% des parents estiment que le droit de leur enfant est respecté, mais soulèvent le vécu de stigmatisation de leurs enfants au sein de l’institution scolaire.

Les parents estiment majoritairement être davantage informés sur les droits de l’enfant, que ne l’est leur enfant. Le besoin de sensibilisation aux droits de l’enfant est repéré à l’attention des enfants et des professionnel.le.s. Un parent sur trois estime que le juge ou les professionnel.le.s prennent en considération l’avis de l’enfant.

Propositions des parents

admin | Copa75

Considérant les droits de l’enfant comme centraux et comme objectif commun entre les parents et les professionnel.le.s, les parents font plusieurs propositions :

  • Informer l’ensemble des acteurs au sujet des droits de l’enfant : professionnel.le.s, parents, partenaires, enfants,
  • Renforcer le droit de l’enfant à avoir un suivi personnalisé considérant ses besoins et ses projets, et notamment :
    • Prendre en compte son handicap,
    • Reconnaître sa souffrance avant et pendant la mesure et les violences subies,
    • Respecter son droit à un suivi psychologique adapté à ses besoins.
  • Considérer le respect de l’histoire de l’enfant et de sa famille comme un droit pendant la période de placement qui se traduit par :
    • Partager des moments importants de sa vie avec son parent,
    • Recevoir des éléments importants de son histoire par ses parents pour sa construction familiale : transmission d’une langue, d’une culture, d’une religion, de principes éducatifs,
    • Conserver des souvenirs : avoir un cahier pour noter les évènements importants.

1 Ces besoins des enfants et des jeunes repérés par les parents rejoignent les discours des jeunes protégés sur leurs propres besoins comme soulevé dans une précédente recherche réalisée par Euillet et Join-Lambert : Euillet, S., & Join-Lambert, H. (2021-05-27). Les besoins d’adolescentes vivant en foyer : leur point de vue sur un bien-être possible. Colloque international « les adolescents d’aujourd’hui : penser leur bien-être en contexte scolaire et hors scolaire », Université Saint-Etienne.