Appel à articles : Dynamiques sociales des fratries et sorories contemporaines, pour « Recherches familiales », n° 21, janvier 2024.

Appel à articles :

Dynamiques sociales des fratries et sorories contemporaines

Recherches Familiales, n° 21, janvier 2024.

Les recherches francophones sur les relations entre frères, frères et sœurs ou entre sœurs, restent éparses et anciennes alors que les études anglophones se développent depuis les années 2010. Par exemple, les connaissances sociologiques francophones sur les fratries et les sorories demeurent réduites en comparaison des savoirs accumulés sur les relations conjugales, la parentalité, les solidarités familiales ou les transformations induites par les nouvelles technologies de la procréation. Les études en psychologie sont, quant à elles, bien plus nombreuses et mettent l’accent sur l’importance de ce lien familial, qui est le plus long dans la durée d’une vie. Il intervient autant dans la construction de soi, comme support à l’enfance, l’adolescence et à l’âge adulte, mais aussi produit de fortes rivalités. 

Ce numéro de la revue Recherches familiales souhaite pallier l’absence de recueil récent d’articles sur les relations adelphiques. Les termes « fratrie » et « sororie » sont entendus au sens large d’enfants issus de mêmes parents, ou d’un seul parent (demi-frères ou sœurs), d’une filiation adoptive, voire d’enfants de conjoint.e.s (quasi-frères ou sœurs) ou d’enfants confiés, dans la mesure où les concernés se désignent ou sont désignés comme frères et sœurs. 

Les études des années 2000 montraient la grande variabilité des relations entre frères et sœurs, qui tient autant au contexte géographique, social et culturel, qu’aux configurations familiales et aux parcours de vie. Les relations adelphiques s’avèrent à la fois singulières et normées. Sera interrogée la qualification de ces relations du point de vue des expériences sociales, mais aussi du droit de la famille, du droit civil, et de l’histoire. En effet, peu d’éléments définissent les relations entre frères/sœurs et leurs différenciations sociales : certain.e.s soulignent leur inconditionnalité alors que d’autres les soumettent à des affinités sociales, culturelles ou à une proximité géographique. Ces liens peuvent être conçus comme des relations amicales, voire de meilleur.e.s ami.e.s, mais aussi être définis par des obligations morales. Les rivalités et conflits sont rarement étudiés du point de vue des conditions sociales de leur production, alors que l’histoire démontre qu’ils sont construits notamment par les inégalités d’héritage, de rang ou de statut. Ces éléments de définition juridiques et historiques au fondement des relations frères/sœurs contemporaines pourront être présentés par des contributions transversales. 

Cet appel à articles propose trois axes d’analyse. Le premier axe invite à renouveler les connaissances sur les liens adelphiques selon les âges de la vie. Le deuxième interroge la place de la différence (maladie, handicap) et des événements (décès, placements) dans les relations frères/sœurs. Le troisième propose de questionner le rôle des technologies de communication dans le maintien ou le renouvellement des liens. Des articles fondés sur des données empiriques, qualitatives ou quantitatives, portant sur des aires géographiques variées sont attendus. Ils pourront relever de la sociologie, de l’anthropologie, des sciences de l’éducation, du droit, de l’histoire ou des sciences de l’information et de la communication. 

Une première piste propose aux contributeurs et contributrices de renouveler les connaissances sur les liens entre germain.e.s selon les âges de la vie. Les études des années 2000 ont souligné combien les relations entre frères et sœurs sont dynamiques dans le temps. Les passages d’âges transforment ces relations. Les tournants biographiques tels que le départ du logement parental, la mise en couple, la naissance des enfants, les séparations conjugales, l’intégration familiale de beaux-frères et belles-sœurs, l’entrée dans le grand-âge des parents et leur décès pourraient être l’objet d’approfondissements. Les articles pourront être attentifs aux variations de relations dans les fratries ou sorories, par exemple selon le rang et le genre, les écarts d’âges, la taille de la fratrie, les caractéristiques sociales et culturelles, la situation géographique.

Des articles pourront s’intéresser à la socialisation des frères et sœurs. Bien que depuis la fin du 19ème siècle et surtout après la seconde guerre mondiale, ces relations se définissent comme égales et réciproques, des différences peuvent être observées dans les scolarités, les activités culturelles et sportives, le devenir des frères et sœurs. Sont-ils/elles élevé.e.s à l’identique par leurs parents ? Ont-ils/elles le sentiment qu’il existe des différences, voire des inégalités de traitement entre eux/elles ? Comment les expliquent-ils/elles ? Qu’en est-il du cas spécifique des jumeaux ? Les tendances sont-elles à l’individualisation de leur socialisation ou à leur indifférenciation ? Des données objectives sur la scolarité et le destin social de fratries renouvelleraient les connaissances à ce sujet. 

Des propositions pourront explorer les fréquences des relations à l’âge adulte, mais aussi les contenus des rencontres et leurs enjeux. Les temps consacrés aux frères et sœurs sont à observer : alors que certain.e.s se voient quotidiennement, d’autres se retrouvent pour les fêtes calendaires, religieuses ou personnelles, d’autres encore passent ensemble des vacances. Des frères ou sœurs s’entraident régulièrement alors que d’autres conçoivent leur lien comme un soutien moral à distance. Des rivalités ou ruptures sont constatées. Que peuvent dire les sciences sociales de ces conflits ? Quelles récurrences peuvent être dévoilées ? Dans cet axe, un point aveugle de la parenté pourrait être levé : les relations frères/sœurs au grand âge restent inconnues en France et peu connues en Europe. Cette piste ouvre maintes perspectives : en quoi le vieillissement des parents transforme-t-il les relations fraternelles des enfants ? Des germain.e.s jouent-ils/elles un rôle d’aidants ou d’aidantes entre eux/elles ? On pourra également explorer les entraides quotidiennes ou épisodiques, les transmissions horizontales et verticales (héritages, dons, mémoire familiale…) et leurs effets pluriels, les rivalités ou ruptures, les rapprochements devant la fin de vie…. 

Dans un deuxième axe, on interrogera les relations adelphiques au regard des événements qui ébranlent les fratries : le décès des parents ou d’un frère ou d’une sœur à l’enfance, le placement dans des dispositifs d’aide sociale à l’enfance, une maladie ou une situation de handicap. Quels sont les effets sociaux de ces événements ? Comment les relations s’organisent-elles autour d’un frère ou d’une sœur aux besoins spécifiques ? Cet axe offre l’opportunité d’analyser des données empiriques sur l’implication des frères ou sœurs auprès de leur germain.e malade ou en situation de handicap selon le genre et les âges. Il permettra de proposer des articles sociologiques ou anthropologiques qui détectent les effets de ces situations sur les liens adelphiques, mais aussi sur le devenir de ces fratries/sorories, sur les tensions créées par la charge accrue de la maladie et du handicap dans une famille. Ces situations permettent aussi de mettre au jour l’individualisation des relations adelphiques, les un.e.s et les autres ne s’impliquant pas à l’identique auprès de leur frère ou sœur ayant un besoin d’accompagnement. Les institutions et les services hospitaliers prennent peu en compte les fratries, mais certaines commencent à s’y intéresser. Des articles pourront présenter des dispositifs qui travaillent avec les fratries ou sorories d’enfants malades ou porteurs de handicaps. 

Concernant les parents, leur décès ou une maladie qui rend impossible l’exercice de leur rôle ont aussi une incidence sur les fratries : voit-on encore des aîné.e.s élever leurs cadet.te.s comme c’était souvent le cas au milieu du 20ème siècle ? Bien que les lois favorisent le maintien du lien, voire le placement conjoint des fratries, celles-ci sont fréquemment dispersées en cas de décès des deux parents ou en cas de placement. Des liens sont-ils maintenus et lesquels ? Des relations sont-elles tissées avec les enfants des familles d’accueil ? Y a-t-il fabrication symbolique de liens de parenté malgré des directives qui professionnalisent les assistantes ou assistants familiaux ? Un ensemble de questions qui pourra être traité du point de vue des différentes sciences sociales qui s’y intéressent. 

Une troisième orientation de ce numéro thématique abordera la place des réseaux socionumériques et des dispositifs de communication dans les fratries/sorories. La diffusion des médias socionumériques et leur ordinarité interrogent le rôle qu’ils peuvent tenir dans les liens des frères et sœurs, selon le genre, les âges de la vie, les configurations familiales et les catégories socio-professionnelles. Ces médias de communication sont devenus des supports à ces relations en cas d’éloignement ou de confinements contraints en lien avec le contexte pandémique : des groupes de discussion permettent de maintenir et de faire vivre les liens à distance. Les communications en visioconférence via les smartphones ou ordinateurs peuvent être vecteurs de convivialité, mais aussi engendrer des tensions d’organisation familiale. Parfois, les réseaux socionumériques permettent de recréer du lien, de retrouver des frères ou sœurs, demi-frères ou demi-sœurs. On interrogera le rôle de ces dispositifs de communication dans les familles transnationales ou dans les configurations familiales changeantes. Tout un champ des études de parenté revisitées par le rôle des dispositifs de communication est ainsi à développer car ils peuvent contribuer à des échanges constants, des partages de moments de vie et in fine participer au faire fratrie. Plus précisément, il serait intéressant que les sciences de la communication se penchent sur les contenus des discussions, les registres d’intimité et de publicisation, les supports visuels (émojis, les images…), les fréquences, la dimension des groupes et sous-groupes qui s’y construisent.

Les articles entièrement rédigés sont à proposer au Comité de lecture de Recherches Familiales avant le 15 mai 2023. La revue paraîtra en janvier 2024.

Pour mieux connaître la revue : http://www.unaf.fr/spip.php?rubrique181

Pour consulter le règlement intérieur : http://www.unaf.fr/spip.php?article16501

Indications techniques :

1- Article :

40 000 signes, notes de bas de page et espaces compris. L’article doit être accompagné d’un résumé de 700 à 900 caractères, espaces compris.

2- Références :

Ne pas utiliser le système américain (nom de l’auteur(e) et page entre parenthèses), mais le système « français » de référence intégrale en note de bas de page. Pour ce référencement, voir les articles de la revue déjà publiés sur le site http://www.unaf.fr/spip.php?rubrique181 ou sur https://www.cairn.info/revue-recherches-familiales.htm

La revue Recherches Familiales est publiée en version papier et en version électronique sur les sites Portail Doc de l’Unaf et Cairn. La revue fait l’objet de près de 30 000 téléchargements d’articles par mois. 

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