L’implication « parentale » dans les parcours des « mineurs étrangers non accompagnés » en protection en France
Thèse réalisée par Jimitry ANNEXILE, sous la direction de Hélène Join-Lambert.
Résumé du projet de thèse :
En France, l’accès aux ressources (la prise en charge) (Paté, 2018) des personnes se déclarant mineures et isolées est conditionné par une « évaluation » qui s’appuie sur un « faisceau d’indices » visant à déterminer si elles sont « mineures et privées temporairement ou définitivement de la protection de leur famille (…) » [1]. Lors de leur entretien d’évaluation, la plupart d’entre elles disent ne pas être en contact avec leur famille en évoquant différentes raisons. Toutefois, l’observation de la plupart des intervenants sociaux révèle que beaucoup « reprennent contact discrètement » avec des personnes présentant « comme » parents ou membres de leur famille, une fois que la mesure de placement est prise. Ainsi, durant leur séjour à l’Aide sociale à l’enfance, leurs relations avec ces personnes deviennent quelque chose « d’invisible » et l’implication de leurs parents dans l’accompagnement socioéducatif devient un sujet « tabou ». Tandis que, selon l’article 375-1 du Code civil français, le « recueil de l’adhésion » des parents est une obligation légale lorsqu’il s’agit d’accomplir, notamment, des actes non usuels, dans le cadre d’une mesure d’assistance éducative prise par le juge des enfants, comme c’est souvent le cas pour la plupart de ces mineurs accueillis. Cette recherche se propose d’analyser cette ré/connexion “souterraine” de ces derniers avec les personnes présentées « comme » parents ou membres de leur famille (Cadoret, 1995), la nature des liens entretenus avec elles (Autant- & Battegay, 2007) à partir de leurs propres expériences. Elle se propose également de comprendre comment les intervenants socioéducatifs perçoivent ces liens et comment leurs perceptions s’opérationnalisent dans leurs pratiques d’accompagnement socioéducatif dans un contexte d’injonction à l’implication parentale.
Bibliographie
Autant-Dorier, C. & Battegay, A. (2007). Économie morale dans des parcours de migrants entre la France et l’Algérie et entre la Turquie et la France. Moments, scènes, lieux et portraits. In Fariba A. (dir.), Voyages du développement. Emigration, commerce, exil, Paris, Karthala, 269-308.
Cadoret, A. (1995). Anthropologie du placement familial. Paris : L’Harmattan, 230.
Paté, N. (2018). L’accès – ou non – accès à la protection des mineur.e.s isolé.e.s en situation de migration. L’évaluation de la minorité et de l’isolement à l’épreuve de la crédibilité narrative, comportementale et physique. Thèse de sociologie, Université Paris X Nanterre (ISP).
[1] Art. 2 de l’Arrêté du 20 novembre 2019 pris en application de l’article R. 221-11 du code de l’action sociale et des familles relatif aux modalités de l’évaluation des personnes se présentant comme mineures et privées temporairement ou définitivement de la protection de leur famille.
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