Le retour en famille en France : Regards croisés sur une thématique centrale mais négligée
Thèse menée par Léa Ladeira, sous la direction de Séverine Euillet, Maîtresse de conférence HDR, Cref, Université Paris Nanterre.
En France, au 31 décembre 2022, environ 56,9% des 310 577 mineurs pris en charge par les services de protection de l’enfance sont placés, selon l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance. Ce type de mesure de protection est répandu, même s’il ne doit avoir lieu qu’en dernier recours, comme le rappelle la loi de février 2022. Pensée et appliquée pour retirer le mineur d’un contexte de risque ou de danger, cette mesure est temporaire afin, qu’à l’issue, le mineur retourne au sein de sa famille.
La décision du retour en famille est influencée par de nombreux facteurs sociaux, familiaux, individuels et en lien avec le déroulement de la mesure (Balsells et al., 2015; Chateauneuf et al., 2022; Esposito et al., 2022; Farmer & Wijedasa, 2013). Malgré une première phase initiale dite de « lune de miel », le retour peut être une période sensible où des difficultés apparaissent, amenant parfois à un nouveau placement. La loi de 2016 préconise d’instaurer systématiquement des mesures d’accompagnement au retour, sans toutefois en préciser les moyens. En septembre 2021, la Haute Autorité de Santé souligne le manque de données permettant d’évaluer les retours en famille (nombre, qualité, conditions…).
Le retour en famille est un enjeu clé de la protection de l’enfance, mais les données scientifiques sur ce sujet sont rares. Une recherche doctorale dans le système français s’avère nécessaire pour approfondir les connaissances, dresser un panorama des pratiques d’accompagnement, recueillir les vécus et les expériences des familles et des professionnels et permettre une réflexion autour des interventions socio-éducatives.
Comment le retour en famille est-il vécu en protection de l’enfance en France et comment les services préparent-ils et accompagnent-ils ce retour pour éviter les récidives ?
Pour répondre à ces questions de recherche, une méthodologie qualitative, validée par le Comité Éthique de la Recherche de l’université Paris Nanterre, est déployée en partenariat avec trois départements. Elle repose sur des entretiens semi-directifs auprès de professionnels, parents et mineurs (20 personnes par groupe) à trois étapes clefs du retour à domicile : avant, pendant et après. Cette deuxième année se concentre sur le développement de nouveaux partenariats (services AEMO/AED) et la communication (affiches et vidéo) autour de la recherche.
Bibliographie :
Balsells, M. À., Pastor, C., Mateos, A., Vaquero, E., & Urrea, A. (2015). Exploring the needs of parents for achieving reunification : The views of foster children, birth family and social workers in Spain. Children and Youth Services Review, 48(C), 159‐166.
Chateauneuf, D., Drapeau, S., Leblanc, K., Saint-Jacques, M.-C., Noël, J., & Fortin, M.-C. (2022). Le retour en milieu familial à la suite d’un placement en protection de l’enfance : Regard sur les dynamiques relationnelles entre parents et intervenants sociaux. Recherches familiales, 19(1), 69‐83. Cairn.info. https://doi.org /10.3917/rf.019.0073
Esposito, T., Caldwell, J., Chabot, M., Delaye, A., Trocmé, N., Hélie, S., & Fallon, B. (2022). Reunification trajectories in Quebec : Acknowledging chronic family challenges to support stability. Child Abuse & Neglect, 130(Pt 3), 105437. https://doi.org/10.1016/ j.chiabu.2021.105437
Farmer, E., & Wijedasa, D. (2013). The Reunification of Looked After Children with Their Parents : What Contributes to Return Stability? The British Journal of Social Work, 43(8), 1611‑1629.